mercredi 31 décembre 2008

La pudeur


Tu dis que je ne comprends pas quand je t’attends depuis longtemps. Oui, on ne peut arrêter de chercher cette incompréhension. Non, cette compréhension qui ne peut jamais s’avouer. Oui, avouer à l’autre cette attente. Non, te montrer ou toi me montrer que l’attente peut se réduire à des signes. Oui, ni l’un ni l’autre ne pouvons réduire ces signes de vie à un code. Non, nous ne pouvons nous faire signe dans aucune langue ni grammaire ni conjugaison. Oui, nous inventons chaque fois différemment langue, grammaire et conjugaison pour  nous trouver à neuf, tout autre, vraiment. Non, pour retrouver ce commencement du nous qui jamais ne fait disparaître le tu de ton étrangeté. Oui, c’est cette étrange rencontre de ton inconnue qui augmente le désir. Non, qui augmente la retenue pour augmenter l’étrange. Oui, pour que le face à face préserve ton étrangeté. Non, pour que tout le corps devienne visage dans l’empourprement. Oui, dans la rougeur qui monte du visage dans tout le corps du face à face. Non, on ne se reconnaît plus derrière ce rouge de la pudeur qui augmente le désir de l’inconnu. Oui, de ton inconnue qui ne peut se montrer sans retenue. Non, sans la volubilité de la rougeur qui envahit le visage puis tout le corps et augmente la chaleur de la rencontre. Oui, augmente tout ce qui fait relation dans le corps à corps du face à face, dans le corps de ta pudeur et le visage de ma retenue. Non, dans le visage de ma pudeur et le corps de ta retenue. Oui, tu ne comprends pas que ton appel reste sans réponse dans la réponse de mon appel que tu ne comprends pas. Non, que toujours tu entends sans comprendre. Oui, que toujours j’entends sans comprendre cette incompréhension qui nous met dans le désir. Non, dans la réponse à l’appel incompréhensible de ta pudeur dans ma retenue et de ta retenue dans ma pudeur. Oui, je te prends quand tu me prends, c’est ça, exactement ça, tu me prends quand je te prends.

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