jeudi 26 mars 2009

Au pays de l'oubli (chapitre 11)


Les plus simples chansons. Les poèmes de l’enfance. Les comptines des enfants. Les airs qui roulent dans les têtes. À n’importe quelle occasion. Voilà ce qui le sauvait. Constituait ses prières. Remplissait ses moments de bonheur. Quand les crises ne le mettaient pas à la torture. Ce précipice qui le possédait. Ce fleuve qui coulait. À ses pieds et l’emportait. Progressivement. Mais encore il entendait. Ce qui le retenait. Le fardeau de la vie. Le retenait et. Il le savait. Pouvait aussi bien l’entraîner. L’entraîner encore plus vite au fond. Du fleuve. Ce fleuve qui s’agitait. Comme une marionnette à la blême lueur. D’un orage. Petit singe de foire qui part. En vacances. Fleuve en train de fuir. Vers le paradis. Et quand il est passé. Plus rien n’est à l’heure. Plus rien à la saison. Plus rien à sa place. Mais derrière tout ce remuement de déraison. Quelques pièces mécaniques. Qui mettent à nu ces automates. Le fleuve en bonimenteur. Oui. Il le savait bien. Et le répétait. L’art est cet éternel boniment. Qui vous en raconte. Pourtant il ajoutait dans son for intérieur. Ce que tout le monde avait fort bien entendu. Que ce boniment est porté par un souffle. Par une âme même. Par une femme. Un destin. Une direction. Un toucher.Un baiser. Il chantait alors une chanson. Un air d’enfance. Et il sentait qu’il allait suivre le fleuve.

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