samedi 9 juillet 2011

et nos rêves


















tout commence j'aime
écrire dans vivre
radicalement
ce même mouvement

tu arrêtes mon souffle
court
entre deux voix
féconder un coquelicot

en fleurs d'été le rouge
résiste
et les blés
n'iront pas au grenier

au creux du poème

je cours lier ou lire
délier la foule des fleurs
et délire
dans l'écriture de ton souffle

d'or

je te lis
déliée dans écrire toujours
en boucle pas un jour sans
tu me dis

arrêtés par un seul
souffle
et nos rêves

Diérèse n° 52-53, printemps 2011: Thierry Metz


Diérèse n° 52/53 (« Thierry Metz »), printemps 2011, 328 pages, 15 € chez Daniel Martinez (8, avenue Hoche – 77330 Ozoir-la-Ferrière)


Cet important numéro de la revue de Daniel Martinez se lit presque entièrement[1] avec Thierry Metz (1956-1997), «  poète ascendant étoile  » écrit Isabelle Lévesque ouvrant l’œuvre continuée : elle y multiplie les rendez-vous des amis (sans attestation autre que la voix la vie) comme des rencontres en impossible et alors on peut répondre Thierry Metz, sa voix dans les voix (l’inverse en renverse) d’une revue s’écrivant se lisant : « Tu nous écris pour recommencer ».
Le vivre et l’écrire l’un dans et par l’autre : Thierry Metz, engage chacun dans ses recommencements : passages d’expérience : « ce pas est le mien / de lier sans attacher / l’être dont je suis la trame ». Expérience du poème-relation. Aucune familiarité si famille ; pas plus main mise de savoirs mais éthique de rencontres essentielles et seulement sur le seuil. Alors de poète à poète ou d’homme à homme : pareil défi de vraies rencontres, de liens qui ne s’achèvent, de formules qui ne cessent de faire relance, de reprises toujours en terre inachevable et, avec le poète-maçon (Journal d’un manœuvre, Gallimard, « L’arpenteur », 1990), de maison insituable. Pas de visite guidée donc ou d’archives classées mais ouvrir encore et encore : portes et fenêtres au vent d’airs inconnus, de « résonance intime » au fil de vivre : le pas façonne la marche, l’avancée. Je tourne les pages dans tous les sens : s’envolent des secrets, des oiseaux chaque fois au plus près des gestes d’écriture de Thierry Metz (De l’un à l’autre, Jacques Brémond, 1996) : invention continuée si lecture-écriture éclaire.
Suis pris – tout lecteur et chaque contributeur – dans ce mouvement de l’inconnu de tout en devenant homme-oiseau : nidification et envols incessants et toujours en chemin de ciel même « où il se sépare ». Cependant s’il bâtit « toutes sortes de maison », « Moi seul peut en sortir. Mais pour t’y faire entrer ». Thierry Metz en hôte : renverse du sens, du souffle : voix passante d’une retenue qui volubile d’imperceptible, de peu qui fait de tout.
Alors aucune clé – caché où : dans des gestes d’invite, d’accueil et violents de saisissement, d’emportement pour des creusements, recouvrements, arrachements, la force de faire disparaître tout reste qui ne fait la vie. Thierry Metz, L’homme qui penche (Pleine page, 2008) : force d’une main (cals et vals : syntaxe de paume) posée sur la bouche à la voix brûlée : paroles devenues cendres et cendres paroles : le fils Vincent disparu sous ses yeux et le monde sans argent comptant mais tout l’or du temps. Alors : poème grandissant au risque de vivre en mourir. Oui, travail des mains qui portent (ou crient quand Isabelle Lévesque met le point d’exclamation aux éd. de l’atlantique, 2011) Terre (Opales, Pleine page, 1997) :
nuit après nuit
vers un mur plein jour
sur la table inventée
du fond de la vie
Poème qui essaie ici peut-être Thierry Metz.
J’ai compris enfin puisque « Tu nous écris pour recommencer », que j’étais « rouge-gorge » dès qu’en écriture. De corps à corps, de vie à vie, le poème dans son insuffisance émerveillée, sa soif de lèvres brûlantes, d’ailes imperceptibles, de souffles imprévisibles.
Je n’ai pas fini de lire Thierry Metz avec Diérèse et ses lectures avec Thierry Metz. Toujours un autre chemin, une autre graine.

Tout ce numéro rassemble brassées de poèmes de partout : témoignages, parcours de l’édition, poèmes avec, lettres en entretiens et poème et roman (Le Grainetier : une terre promise) et un carnet entier (Le Carnet d’Orphée) et des reprises de revues, une traduction italienne de L’Homme qui penche, des lectures en points de vue et enfin pour continuer toujours, des partages. Thierry Metz écrit toujours. On peut encore trouver en librairie nombre de ses livres (bibliographie bien utile) et on attend outre les inédits en nombre dans ce numéro d’autres à paraître vite.
Thierry Metz, au croisement de nos voix.

Serge Martin



[1] Toujours la rubrique « bonnes feuilles » entretient la lecture en cercle : ici avec quatorze lecteurs – cercle des amitiés en poème.


Diérèse n° 52-53, printemps 2011: Thierry Metz
Un numéro orchestré par Isabelle Lévesque (force d'un avec : "Si seul écrire éclaire // (invente)") et l'animateur de la revue, Daniel Martinez, qui en a parlé dans l'émission poétique de Christian Saint-Paul du 26 mai 2011 :
à cette adresse, on peut écouter : http://www.lespoetes.fr/son/son%20emision/110526.wma
A lire absolument dans l'écrire de l'un et l'autre.
On peut commander chez Daniel Martinez
8, avenue Hoche 77330 Ozoir-la-Ferrière

voir la note d'Alain Helissen sur Poezibao:

samedi 2 juillet 2011

tes doigts d'or


les petites jouent les pédales de l'or
comme dans mon oui
tu entends le souffle qui t'attend

de l'or un bonjour en gorge
déployé jusqu'à la mer
une vie en un mot qui n'attend pas

les grandes accourent sur tes doigts
d'or avec mon non ordinaire
pour te dire joue fort comme la mort