lundi 9 novembre 2015

Gertrude Käsebier : une femme voit ce que j'entends

(notes prises lors de l'exposition "qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1919")

Ce n’est pas seulement que je suis soucieuse de faire des photographies pour les autres, j’en ai avant tout besoin pour moi-même. Je veux revivre la vie par ce biais. Je veux voir ce que la vie fait aux autres. (…) C’est ma façon de vivre au maximum, que de voir les autres, et montrer par mes photographies que j’ai vu cela. Je ne considère pas mon travail en termes de photographies mais en termes d’opportunité.
                       Gertrude Käsebier, 1907



c’est Rodin en présence d’une femme
il lui donne contre l’épreuve
une sculpture il correspond
dans ce devenir modèle de Rodin
mué en corps nu et modelé
il pose sa main massive sur un bloc
sans regarder l’objectif il est vu
et la voit en la touchant
d’artiste à artiste elle l’a pris
il la touche en laissant faire
son œil jusque dans sa main
pas d’autre modèle qu’épris

(« Auguste Rodin dans son atelier », 1905)

le nu du fond vient voler
quelle vue prise dans les bras
comme des ailes au bord du rocher
obscur toute la nuit vive
la sculpture fait corps
tenue par le pubis noir
la photographie fait voir
un rêve une ombre blanche
                                               
(« La chauve-souris », 1902)

regarder en face
et préserver l’intégrité
les yeux font relation
dans la nudité
le visage montre
tout le corps
à sauver du savoir
elle le connaît
sans dévoiler
je rougis ma pâleur
de te voir
comme tu es visage

(« The red man », vers 1900)

elle se tourne
pas pour jouer
affronter à deux
celle qui voit
la force et celle
qui voit le regard
tout contre le danger
accorder le violon
dans la blancheur
d’une robe prêtée
à deux le corps
peut vivre
dans nos déguisements
et ta chevelure cerner
mes yeux perdus
pour fendre la glace
des refus tu affrontes

(« Zitkala Sa, Sioux Indian and Activist », vers 1898)

la joie d’étendre
dans une danse
tout le linge
bas noirs qui zèbrent
et draps blancs qui fantôment
les gestes vifs d’un sourire
contre toute la souffrance
le linge rend propre
tu lui souris elle
te libère dans tes beautés
pour défaire les
séparés


(« En noir et blanc », vers 1900)

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